Bikepacking & itinérance light

Ici c'est le coin des comptes rendus.
C'est bien beau de bricoler son vélo, il faut aussi rouler avec !
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Re: Bikepacking & itinérance light

Message par benj » dim. août 15, 2021 7:36 pm

Super récit.
Habitant pas loin (Dijon) ça me tente bien de le faire. Plutôt en 2 jours du coup



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Re: Bikepacking & itinérance light

Message par Tib » dim. août 15, 2021 8:02 pm

Si besoin, je t'envoie la trace "one shot" par mail. Sinon les 4 graces sont dispo sur le site rando Morvan.


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Re: Bikepacking & itinérance light

Message par benj » dim. août 15, 2021 8:07 pm

Tib a écrit :
dim. août 15, 2021 8:02 pm
Si besoin, je t'envoie la trace "one shot" par mail. Sinon les 4 graces sont dispo sur le site rando Morvan.
:arrow: MP



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Re: Bikepacking & itinérance light

Message par Dementia » lun. août 16, 2021 9:49 am

Tib a écrit :
jeu. août 12, 2021 8:49 pm
Merci de m'avoir lu !
Moi ce genre de petite balade me donne envie de partir plusieurs jours sur un vélo. Merci !



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Re: Bikepacking & itinérance light

Message par Tib » lun. août 16, 2021 10:21 am

Fais gaffe à toi quand même. D'expérience, rester tranquille dans son canapé c'est plus safe.


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Re: Bikepacking & itinérance light

Message par machfive » lun. août 16, 2021 4:38 pm

Tib a écrit :
lun. août 16, 2021 10:21 am
D'expérience, rester tranquille dans son canapé c'est plus safe.
Ouais mais ça contribue à prendre du poids :mrgreen:


"Donnez moi la force de changer ce qui peut être changé,d'accepter ce qui ne peut pas être changé,et la sagesse de faire la différence entre les deux"

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Re: Bikepacking & itinérance light

Message par Lafoy » lun. août 16, 2021 4:49 pm

Tib générateur de trace Lightbike.fr
Moi je ferai bien le grand tour de bleau



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Re: Bikepacking & itinérance light

Message par Tib » lun. août 16, 2021 4:57 pm

Quand tu veux, mais t'es jamais dispo ! Je vais peut-être retourner dans le Morvan mercredi, selon la météo.


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Re: Bikepacking & itinérance light

Message par Dementia » lun. août 16, 2021 5:10 pm

Lafoy a écrit :
lun. août 16, 2021 4:49 pm
Moi je ferai bien le grand tour de bleau
Il y a une trace existante ?



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Re: Bikepacking & itinérance light

Message par Lafoy » lun. août 16, 2021 5:13 pm

Oui regarde sur le post de Tib sur le grand tour de bleau qui te ferais presque envie d être francilien !

Tib le vélo c est mardi jeudi !!!



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Re: Bikepacking & itinérance light

Message par Tib » lun. août 16, 2021 5:27 pm

Oui je sais bien, désolé de remuer le couteau corse dans la plaie.

@ Dementia : j'ai une trace oui, MP avec ton mail si tu veux que je te l'envoie.


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Re: Bikepacking & itinérance light

Message par PapyTA » lun. août 23, 2021 10:55 pm

Tracé augmenté "Tib/Auré" en mode Bikepacking du tour du haut Limousin (plateau des Millevaches) écourté. J'ai eu un gros pépin physique début juillet. S'en est ensuivie une coupure complète de plus de 4 semaines sans le moindre sport, un moindre mal pour récupérer. J'ai tenté une traversée de 400km presque pour ma reprise, en reprenant une bonne partie du tracé de Tib (l'augmentation de distance se faisant vers le Nord dès le début), mais j'ai été trop présomptueux. J'ai du couper la partie Est du tracé à partir de Vassivière, en prenant par la route pour rejoindre le tracé du retour au niveau du mont Gargan.
Au contraire d'Auré et Tib, je suis parti comme à l'habitude en mode BUL complètement autonome (donc avec tente). Ainsi que 4 jours d'autonomie en nourriture (j'étais parti pour 8 à 9 jours)
Le parcours était vraiment très majoritairement tout terrain. Très peu de route et pas énormément de pistes.
Le seul "reproche" que je lui ferais, c'est son manque de point de vue (c'est aussi un peu pour ça que je n'apprécie pas la Granit Montana plus que ça). Mais c'est de ma faute, la vue était bien plus dégagée sur le plateau des Millevaches dans la partie Est, partie que j'ai shunté.
Au global, 5 jours, 269km pour 5637m de dénivelé (54km et 1127m de D+ par jour). Rien d'extraordinaire.


depfeleschiesser, mais alors franchement de moins en moins :mrgreen:

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Re: Bikepacking & itinérance light

Message par Tib » lun. août 23, 2021 11:07 pm

Mince, désolé pour toi PapyTA. Remets-toi bien, et bravo quand même pour la boucle, en guise de reprise c'est du sérieux tout de même.

A charge de revanche dans le coin, ensemble peut-être ?


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Re: Bikepacking & itinérance light

Message par Tib » mar. août 24, 2021 10:14 am

Pas une sortie "itinérance" au sens strict du terme (2h40 à peine, 50 km mais quasi 1000 de D+ tout de même !), mais le côtier costarmoricain est toujours aussi féérique, surtout par météo estivale :

Image

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Image

La majeure partie du côtier est interdite aux VTT, mais il reste malgré tout quelques portions autorisées qui permettent de se faire bien plaisir, et de justifier tant la fourche de 120 que la tige télescopique. Un véritable régal pour les yeux, les narines et les tétines !

Image

Le vélo est parfait, vraiment : efficace sans pompage sur le plat, fluide et sécurisant dans le cassant, les pneus offrent un grip phénoménal sur ce terrain sec et fuyant, le cintre de 760 offre une maniabilité parfaite, le freinage 180/160 est puissant et facilement dosable... vraiment, je suis ultra satisfait de ce montage.


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Re: Bikepacking & itinérance light

Message par smarties » mar. août 24, 2021 11:39 am

Magnifiques paysages



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Re: Bikepacking & itinérance light

Message par mathias22100 » mar. août 24, 2021 12:50 pm

T'étais dans quel coin Tib ?



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Re: Bikepacking & itinérance light

Message par Tib » mar. août 24, 2021 12:57 pm

J'étais sur la presqu'île de Landrellec, sur la commune de Pleumeur Bodou. Si tu connais, en partant de là-bas, j'ai longé le côtier jusqu'à Trégastel (la première photo c'est la grêve blanche), ensuite j'ai rejoint le bois de Pleumeur par l'intérieur des terres, en passant à proximité du Radôme, puis j'ai rejoint Trébeurden pour aller rouler du côté de Beg-Leguer et suis rentré par le côtier via l'Ile Grande. J'ai essayé d'optimiser le tracé en empruntant un maximum de singles, en cherchant le technique / trialisant et en maximisant le D+ quitte à monter 2 fois la même bosse, tout en empruntant exclusivement des portions autorisées VTT.


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Re: Bikepacking & itinérance light

Message par mathias22100 » mar. août 24, 2021 1:05 pm

Ok je vois tout à fait, étant originaire de Paimpol, ce coin me parle bien ! Et comme tu le dis, avec un temps estival, c'est magnifique !



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Re: Bikepacking & itinérance light

Message par Lafoy » mar. août 24, 2021 1:23 pm

ImageImageImageImage
Moi aussi j y ai posé les roues cet été :mrgreen:



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Re: Bikepacking & itinérance light

Message par Tib » mar. août 24, 2021 1:51 pm

Par contre Lafoy je confirme, la crêperie est complète tout le temps, pire que la galette !


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Re: Bikepacking & itinérance light

Message par Lafoy » mar. août 24, 2021 10:14 pm

Pareille pour le coquillage à Cancale



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Re: Bikepacking & itinérance light

Message par Tib » mer. sept. 08, 2021 5:06 pm

Hello !

Récit de ma Gravel Tro Breizh (avortée). J'abandonne tellement d'épreuves en ce moment, que je pense finir par ouvrir un cabinet d'avortement : chuis sûr qu'il y a moyen de rentabiliser le concept ! je couche mes impressions "à chaud", je viens juste de rentrer. On verra si mon discours sur mon ressenti évolue dans le temps...

J'étais inscrit, l'épreuve initialement prévue en mai a été reportée pour les raisons qu'on connaît. Vague du dimanche, je décolle de chez moi le samedi pour arriver sur le site du Lac de Trémelin, qui ressemble fort à la Breizh Riviera rennaise.

J'y retrouve Fred, l'organisateur, que j'ai connu il y a... quasiment 20 ans, à la grande époque du forum Vélovert et des VV Camps. Dingue comme le temps passe vite ! Hormis quelques kilos en plus, il n'a pas vraiment changé, avec toujours cet humour bonhomme et cette jovialité trahie par ce sourire qui ne quitte jamais son visage. Ce mec sourie même quand il râle ! Ca m'a fait super plaisir de le revoir.

Je pose la voiture sur le parking du site de départ entre 3 autres autos de participants, en train de partager une bière. Magie du hasard, je me rends compte rapidement qu'il s'agit... des 3 gars de "ma" vague de départ ! Pour les raisons que vous devinez, on part espacés de 3 minutes, par vague de 4. On improvise un dîner en partageant le peu de victuailles qu'on a amené, Kevin (j'en reparlerai) sort une mini table de camping et des tabourets du camping-car de ses parents, c'est super bon enfant. C'est une première pour chacun de nous, on discute des options et choix techniques... il fait chaud, beau, ça s'annonce super bien. Vers 21h chacun va se coucher, je dors dans la voiture contre mon vélo. Le lendemain, lever 7h pour un départ à 7h54, chacun émerge et se prépare en silence.

Avant le départ, photo du vélo devant Excalibur :

Image

Dans cette configuration, le vélo affiche 16,8 kg tous pleins faits, avec 24h de nourriture. En résumé, c'est "léger mais pas trop". J'ai quand même pris quelques options de confort :
- une tenue vélo complète de rechange, la météo s'annonçant clémente d'abord puis changeante ensuite
- double éclairage avant et double batterie
- en revanche j'ai décidé de partir sans moyeu dynamo, imaginant un parcours plutôt typé VTT sans possibilité de recharger à pleine puissance

Au départ j'ai 2 objectifs : finir, et si possible en 6 jours. Ca donne environ 200 km par jour.

Image

Le matin du dimanche, on décolle donc à 7h54, la trace débute par un tour du lac dans une ambiance comme seule Brocéliande a le secret : de la fraîcheur, de la brume mystérieuse, un silence de cathédrale, des odeurs de bruyère...

Rapidement, "ma" vague s'éparpille : l'un des gars (Mario) part en flèche devant, Guillaume (en pédales plates, guidage smarphone et 3,5 jours d'autonomie eau + nourriture) reste à l'arrière. Kevin et moi roulons un peu ensemble puis je me détache à l'avant. Au bout de quelques kilomètres, je double un participant, Popop, "connaissance virtuelle" du forum RL ! Reconnaissant mon vélo, il m'interpelle, on fait les présentations, il se cale à mon rythme et on se met naturellement à rouler ensemble. On roulera (boîte) de conserve tout le premier jour, encore merci à toi pour ce bout de chemin bien sympathique !

Premier moment saugrenu, après 20 bornes on traverse un marché, masque et pied à terre obligatoires :

Image

Il est à peine 9h mais les odeurs de poulet à la broche me donnent déjà faim. Le vigile à l'entrée du marché (celui qui demande de mettre pied à terre) nous demande d'où on vient et où on va : le lieu de départ est à 20 bornes, facile de l'indiquer. Mais de mon côté, la destination paraît tellement éloignée et incertaine que je préfère répondre "on essaie d'aller le plus loin possible".

Je m'attendais à un début plutôt ennuyeux avant les monts d'Arrée, mais d'emblée les chemins et paysages sont sympas :

Image

L'itinéraire est imposé, si tu quittes la trace il faut la reprendre où tu l'as quittée, sous peine de disqualification. La distance cette année est annoncée à 1270 km, à parcourir en moins de 7,5 jours. Une balise GPS nous localise en temps réel et enregistre notre progression. Ca n'est donc pas totalement une randonnée pépère, si bien que j'ai pris très peu de photos.

En tant qu'ancien cheminot, j'ai quand même tenu à immortaliser les nombreux passages sur d'anciennes voies ferrées reconverties en voies vertes

Image

Ces axes désormais cyclables sont les témoins d'un passé pas si vieux, quand notre pays était maillé d'un réseau ferré dense. Quand on y repense... bref. Ca nous aura au moins permis Popop et moi de lancer une discussion "aménagement du territoire" !

La journée vire rapidement de "douce" à "chaude", voire "très chaude" : 31°C vers 12h30. Les passages le long d'un autre ouvrage breton, le canal de Nantes à Brest, offre une petite fraîcheur bienvenue :

Image

Puis, premier arrêt boulangerie dans la meilleure boulangerie de l'ou(e)st ! Alors forcément, quand 60 gus s'arrêtent dans la même boulange pour acheter les mêmes choses, et que toi t'es le 59ème, ben tu prends ce qu'il reste, c'est à dire pas grand-chose :

Image

Avec "mes" compères de la "vague de 7h54", on se croise, se re croise. A chaque fois on échange un petit mot, dans l'effort des "amitiés éphémères" se forment vite. Avec les boulangeries, l'autre point de rencontre ce sont... les toilettes publiques :

Image

Pour remplir les bidons, vu la chaleur c'est un sport très fréquent (les fontaines sont rares en Bretagne, mieux vaut viser juste entre cimetières, WC publics et recours à l'autochtone, au demeurant très accueillant). Et au-delà du point d'eau, la règle (pour moi au moins) en itinérance est de faire usage des toilettes dès qu'il s'en présente des à peu près propres. Ce moment où tu découvres qu'aller à la selle sans choisir le moment, ben ça n'est pas forcément évident ! c'est l'un des intérêts de ce type d'épreuve : t'aider à prendre du recul pour te faire (re)prendre conscience à quel point des gestes du quotidien paraissent naturels dans notre confort moderne, mais peuvent très vite s'avérer compliqués.

Bref, sans transition, voici un aperçu des plus moches chemins bretons arpentés :

Image

L'épreuve fait la part belle (un peu trop à mon goût) à la route, mais les rares passages sur sentier sont magnifiques. C'est ce que j'ai trouvé sympa : t'es sur une route de campagne sans grand intérêt, et paf, soudain le GPS te dit de tourner à droite et tu te retrouves sur un monotrace d'anthologie ! En particulier ce sentier "VTT Lizio", je veux absolument rencontrer son traceur ! bonheur pour moi qui suis pur vététiste, enfer pour d'autres issus plutôt de la route et chevauchant des vélos vraiment pas adaptés. C'est aussi le sel de ce genre d'épreuve : il n'y a pas de "bon" choix matériel universel, chacun essaie de trouver le meilleur compromis pour lui. Et certains ne le trouvent jamais, comme moi !

La suite de la journée se déroule tranquillement, j'ai quelques baisses de régime mais rien d'alarmant. On fait un stop "supérette" pour ravitailler, je dévore mes carottes râpées et ma salade de thon à la piémontaise (pas vraiment compris la notion de piémontaise d'ailleurs, c'était surtout du thon et des patates...). Guillaume ressent une douleur naissante au genou en fin d'après-midi, il baisse le rythme et je pars devant pour essayer d'être au CP1 vers 20h30, car c'est l'horaire convenu avec ma famille pour l'appel téléphonique quotidien. Le CP1 est prévu au Faouet, en plein pays du Roi Morvan (clin d'oeil suite à ma mésaventure début août, sûrement) :

Image

Une quinzaine de participants sont présents, profitant du kebab d'en face. J'y arrive vers 20h15, Guillaume arrive quelques minutes après moi. Lui décide de passer la nuit dans le coin, avec Kevin (vous savez, mon camarade de la vague de 7h54) on décide de poursuivre. Et on ne se lâchera plus jusqu'à mon abandon. Avec Philippe, un autre compère rencontré en chemin, on veut profiter de la douceur pour rouler encore une heure (plaisir de la rime), mais le redémarrage se fait sur un sentier très technique qui bride un peu nos intentions... on finit par échouer sur le splendide site de la chapelle Sainte Barbe, un porche médiéval sera notre abri pour la nuit. J'ai couvert quelque-chose comme 205 km pour 2600 de D+. Je m'installe pile sous la cloche qui doit peser 500 kg, je croise les doigts pour qu'elle ne me tombe pas dessus. Bon, en réalité j'aurai le temps de la surveiller : nuit blanche pour moi. On se couche vers 22h30, lever 5h, j'ai à peine fermé l'oeil... on lève le camp avant l'aube Kevin et moi : Philippe ayant moyennement goûté sa première nuit sous une simple couverture de survie (il n'avait jamais testé avant), il préfère se donner un peu plus de temps.

Image

Au moins 2 points de satisfaction :
- je suis réglé comme un métronome, je plie le campement en 20 mn montre en main
- mon matelas UberLite ne perd pas d'air, pour l'instant !

On repart donc, avec d'entrée un sentier descendant ultra technique, sur 5 km. On se dit avec Kevin que, rétrospectivement, on a bien fait de ne pas le taper de nuit ! L'air est doux mais des poches d'humidité glacent nos corps encore endormis (enfin, façon de parler).

Pas beaucoup de photos, le chrono tourne et on n'est pas là pour faire du tourisme. Je suis tout content de moi, en faisant un peu plus connaissance j'avais deviné à la vue des mollets et de la moustache de Kevin qu'il était coursier à vélo. On s'entend bien, lui roule plus fort que moi sur le roulant, je suis devant dans le technique, au final on se complète. La communication est naturelle, j'apprécie sa compagnie. Première boulangerie, café et croissant au jambon (et pourquoi pas ?) un peu avant 8h. Je suis les conseils de certains ici : manger tout le temps, en privilégiant ce qui te fait plaisir. Mais surtout, manger !

La trace attaque un coin cher à mon coeur, les Monts d'Arrée avec sa mythique (pour moi) chapelle St Michel :

Image

Je suis ému à cet endroit car je l'ai arpenté à mes débuts à VTT, notamment sur le roc des Monts d'Arrée. Curieusement un coin dans lequel je viens très peu, mais je connais les sentiers par coeur... émotion un peu troublée par un groupe d'enfants d'une école primaire du coin, accompagnés d'un guide nature au discours un poil baroque : "oui alors ici, vous savez on est à 350 mètres d'altitude, altitude par rapport à quoi d'ailleurs ? oui, voilà, par rapport à la mer. Pour vous aider à comparer, le point culminant de la Terre c'est l'Everest, à 10000 mètres d'altitude, en France c'est le Mont Blanc, à 6000". J'hésite à ramener ma science pour corriger les énormités, mais un touriste retraité s'en charge à ma place...

Il est 12h30, il fait très, très chaud. La descente sous la chapelle est technique à souhait, je me régale autant que certains en bavent. En bas, WC publics, plein d'eau, toilette sommaire, latrines. La presque routine... la route se poursuit, je me sens bien. Arrêt repas vers 14h à Châteaulin, j'essaie de trouver (sans succès) un câble pour recharger mon smartphone (comme un con j'ai pas pris le bon), mais on est lundi et tout est fermé. Tant pis, Kevin me prête le sien (en théorie c'est interdit par l'organisation, chut !). Je gaze, je veux être à Crozon avant 20h30 pour l'appel à ma famille. J'ai un passage à vide un peu avant Locronan, je retrouve mes jambes dans la terrible (enfin, pour la Bretagne et pour moi s'entend) ascension du Menez Hom, un gros tas de cailloux dont tu te demandes comment l'ascension peut te faire mal à ce point pour une colline d'à peine 300 mètres d'altitude... c'est bien simple, le sentier pour y monter c'est un escaler : un mur, un bout de plat, un mur, un bout de plat... bref, au sommet la récompense est chouette :

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S'en suit une encore descente techique à souhait, Kevin y va prudemment avec son Kona acier tout rigide. Je décide d'accélérer la cadence pour atteindre Crozon, il reste un peu plus de 30 bornes. Dans une belle bosse, j'ai un coup de moins bien, je me pose dans le fossé pour avaler une banane. Une automobiliste s'arrête et me demande si elle doit appeler les pompiers. Je la rassure en lui disant que je pense mourir, mais pas tout de suite. J'arrive à Corzon à 20h15, content de respecter pour la deuxième journée consécutive mon objectif journalier : couvrir 200 bornes et être arrivé pour 20h30. Sauf qu'aujourd'hui, j'ai mis 2 heures de plus pour la même distance que la veille ! un début d'explication : j'ai plus de 3600 de D+ au compteur, 1000 de plus que la veille. On dirait pas comme ça, mais ça grimpe ! encore beaucoup de route sur cette journée, mais quelques passages sur des sentiers magiques.

Je commande une pizza face à la plage de Crozon, une Regina vraiment délicieuse... mais je n'arrive pas à la manger, j'ai l'estomac en vrac à force de manger n'importe quoi n'importe quand. C'est très frustrant pour moi car je déteste gâcher, j'adore la pizza, je pensais en avoir envie, mais rien à faire ça ne passe pas. J'ai les boyaux retournés, envie de vomir... bizarre. Avec Kevin on essaie de trouver un coin pour dormir, j'aimerais bien un vrai lit mais tout est complet, on essaie de trouver un espace de bivouac mais en pleine ville c'est impossible : il y a des jeunes partout qui boivent des bières, on se résigne à reprendre la route... pour gravir une belle bosse, bim ! on finit par échouer dans un hameau non loin de là, trouvant derrière la salle des fêtes une dalle béton propre avec (comble du luxe) des toilettes publiques PROPRES, avec eau et prises électriques en nombre. Une première pour moi, à 23h sous une voute céleste splendide, je prends une douche "au bidon" pour tenter de me décrasser... la "douche" me donne presque l'impression de sentir bon.

On se couche, on repousse le réveil de 15 mn le lendemain pour s'offrir une grasse matinée. Youhou ! Seconde nuite blanche. Faut que je creuse ce souci que j'ai, mais je n'arrive pas à dormir sur mon matelas. Couchage trop chaud, pas d'oreiller, je transpire sur le plastique et ça m'agace, je n'arrête pas de me retourner... le lendemain matin j'ai comme qui dirait "la gueule en vrac". Je n'ai pas dormi depuis 48 heures, j'ai 400 bornes dans les jambes, à 5h30 il fait déjà 18°C et le seul fait de plier notre campement me fait suer au propre comme au figuré. On repart, sous une voute toujours aussi céleste, et avec Kevin on blague en se disant que comme des cons, on va faire le tour de la presqu'île de Crozon, l'un des "clous du spectacle" de la trace point de vue paysage, intégralement de nuit... au loin on aperçoit la lumière du phare de Corsen, à l'autre bout de la baie, qui est mon objectif du soir (spoiler : que je n'atteindrai jamais).

Ce matin du mardi, les sensations sont mauvaises : j'ai mal au crâne, le bide retourné (je ne peux toujours rien avaler), rien dans les jambes. Je repars avec difficulté, même si par chance le profil est plutôt plat et facile. Après 30 bornes, un peu avant 8h on s'arrête à Camaret. Par chance la boulangerie a déjà des jambon-beurre, j'arrive à en manger un avec une canette d'Orangina. On repart sur une grosse bosse (j'ai l'impression qu'on s'est bien débrouillés pour systématiquement s'arrêter avant une bosse pour bien se casser les pattes au redémarrage). Et là, lente descente aux enfers pour moi : rien dans les jambes, je peine à avancer, multiplie les arrêts. Au moins, les points de vue et paysages sont vraiment chouettes dans le coin !

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Pour ne pas le retarder, je laisse Kevin partir devant. Je prends mon temps, tâche de ne pas m'énerver en acceptant le fait que je ne tiendrai pas mon objectif de distance du jour... puis, peu à peu, les jambes reviennent, laissant place à une douleur naissante au niveau du talon gauche. Douleur que je n'ai jamais ressentie, je ne m'inquiète pas outre mesure... jusqu'au moment où je n'arrive plus à pédaler tellement j'ai mal. La tendinite est évidente, je ressens des décharges électriques dans tout le mollet. Chaque tour de pédalier devient une épreuve. Je m'arrête, me masse, essaie de m'étirer, me détendre... rien à faire. Je vise Brest, au kilomètre 525, pour trouver une pharmacie. Je tombe sur un pharmacien lunaire qui me conseille des patches chauds et un repos complet d'au moins 3 jours. Je lui achète un spray "froid", des straps, m'installe dans un jardin public pour essayer de soigner le truc. Je décide de faire une longue pause pour réfléchir (pas bien !). Je m'achète à manger, le seul truc dont j'ai envie : un Mc Do. Après 2h30 d'arrêt dont la moitié passé à me masser, je repars... la douleur est pire, je n'arrive plus à poser le pied sur la pédale. Même si je sais que c'est ma grande faiblesse, je bascule du mauvais côté mentalement, et au fond de moi je sais que j'ai décidé de renoncer : la douleur ne va pas s'envoler, mon objectif de 200 km ne sera pas tenu aujourd'hui. J'hésite à prendre un hôtel pour la nuit, histoire de me laver pour me débarrasser de cette odeur de crasse, dormir dans un vrai lit, prendre un vrai repas assis à une table... mais dans ma tête c'est fait, j'ai abandonné.

Voilà. Encore une fois, d'une certaine manière mon mental a cédé. Je ne me rentranche pas derrière la blessure, car j'aurais pu dormir à l'hôtel et attendre le lendemain. Dans ma tête, je m'étais bâti un schéma à 200 km par jour dont je n'ai pas réussi à sortir : la blessure m'a contrarié, je n'ai pas accepté l'hypothèse de m'arrêter pour essayer de guérir et repartir, car j'ai uniquement considéré la perte de temps sur le chrono.

Je retiens de cette épreuve plusieurs choses. D'abord les aspects négatifs :
- je supporte mal de rouler 3 jours de suite avec la même tenue puante, sans douche, avec une hygiène sommaire
- je supporte mal les arrêts dans des WC publics au confort très sommaire
- je n'arrive pas à dormir avec mon organisation actuelle, sans trop comprendre ce qui cloche (peut-être prendre un oreiller ? je dois modifier mon organisation pour tester d'autres configurations
- je n'aime probablement pas assez le vélo pour réussir ce type d'épreuves, qui comportent beaucoup de route certes agréable pour "borner gratuitement" mais qui ne correspondent pas exactement à ce que je considère comme du "vélo plaisir"
- j'ai mal géré mon alimentation, non pas en quantité ni régularité, mais en qualité : j'aurais dû davantage varier pour briser la monotonie et préserver mon appareil digestif
- je supporte finalement assez mal cet impératif de temps inhérent à ce type d'épreuve, qui me force à rouler par obligation plutôt que par plaisir, j'ai l'impression de passer à côté de quelque-chose

Je retiens néanmoins les aspects positifs :
- d'abord et avant toute chose, les rencontres avec des gens simples, adorables, bienveillants les uns envers les autres
- ensuite, l'opportunité de déconnexion totale qu'offre ce type d'aventure, totalement coupé du monde (par choix, me concernant) et concentré uniquement sur ma passion, le vélo
- les paysages traversés, magiques
- le fait que je rentre en me connaissant un peu mieux

En conclusion, heureusement que je n'ai pas terminé sinon vous auriez eu 8 pages de compte-rendu supplémentaires à lire ! Plus sérieusement, mon sentiment à date est qu'avec cette GTB partielle, la balance souffrance / plaisir est défavorable pour moi, et je ne suis pas certain que terminer l'épreuve aurait suffi à inverser la vapeur, au-delà de la fierté de pouvoir me dire "je l'ai fait". J'ai le sentiment d'avoir entrouvert la porte de l'ultra-cyclisme, juste pour me rendre compte que ce type d'épreuve n'était tout simplement pas fait pour moi. Je n'ai plus rien au programme. Je vais y repenser à froid, une fois la blessure à la cheville guérie.

Bilan en chiffres :
- 525 km "officiels" parcourus (541 en incluant les kilomètres "Mc Do & pharmacie")
- 8100 de D+
- 30h20 de pédalage (pauses exclues)

Merci de m'avoir lu !
Modifié en dernier par Tib le mer. sept. 08, 2021 5:46 pm, modifié 2 fois.


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Re: Bikepacking & itinérance light

Message par machfive » mer. sept. 08, 2021 5:27 pm

Tib a écrit :
mer. sept. 08, 2021 5:06 pm
Bilan en chiffres :
- 525 km "officiels" parcourus (541 en incluant les kilomètres "Mc Do & pharmacie")
- 8100 de D+
- 30h20 de pédalage (pauses exclues)
Tout est dans le détail..

Bravo pour ce périple malgré tout et le partage !


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benj
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Re: Bikepacking & itinérance light

Message par benj » mer. sept. 08, 2021 5:29 pm

Encore un super récit.
Je comprends ta déception, ce genre d'épreuve nécessite de se faire mal. Je ne suis pas certain qu'il soit possible de continuer alors que tu n'arrives pas à poser le pied sur la pédale.
N'ayant jamais couru plus que 13h d'affilée je n'ai pas cette expérience. Les récits de coureurs d'ultra montrent bien qu'ils vont puiser dans leurs ressources mais il est encore possible pour eux d'avancer. Dans ton cas ça me semblait compromis.



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Re: Bikepacking & itinérance light

Message par polo66 » mer. sept. 08, 2021 6:23 pm

Beau récit avec une analyse juste.
Je pense que l'erreur que tu as faite, c'est de te fixer un objectif kilométrique journalier.
Tu aurais du rouler, je fonctionne comme ça, jusqu'à être épuisé par le sommeil (et non la fatigue) de manière à t'endormir de suite et ne pas perdre 6 ou 7 heures à tourner et ne pas dormir.
C'est l'erreur que j'avais faite lors de mon premier ultra (Paris Brest Paris) qui m'a coûté du temps et ne m'a pas reposé.
Il faut savoir aussi discerner les coup de moins bien fugitifs et ne pas "paniquer" quand ça arrive car ça arrive forcément sur un ultra.
En plus les conditions météo étaient parfaites pour rouler de nuit.
Concernant l'alimentation, il faut effectivement manger ce dont tu as envie mais varier comme tu l'as souligné.
Un truc que je fais, c'est boire une ou deux bières sur le parcours pour rompre la monotonie de l'eau et ne pas finir écœuré par des boissons sucrées.



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